Pourquoi autant de tabous autour de la santé des femmes ?
La santé des femmes reste, aujourd’hui encore, un sujet entouré de silence, de gêne et d’invisibilisation. Qu’il s’agisse des douleurs menstruelles, de la ménopause, du post-partum ou encore des maladies spécifiques comme l’endométriose, ces réalités restent trop souvent minimisées, mal prises en charge, voire ignorées. Mais pourquoi tant de tabous ? Et surtout, comment briser ces silences qui isolent et fragilisent ?
1. Une histoire de domination et d’invisibilisation
Pendant des siècles, la médecine a été pensée par et pour les hommes. Le corps féminin a été étudié comme une anomalie du corps masculin, réduisant les problématiques spécifiques des femmes à des « caprices » ou des « faiblesses naturelles ». Encore aujourd’hui, cette vision archaïque laisse des traces : sous-diagnostic des maladies féminines, prise en compte insuffisante de la douleur, manque de financement pour la recherche sur la santé des femmes. Résultat ? Les femmes souffrent souvent en silence, persuadées que leurs maux sont normaux ou exagérés.
2. La culture du silence et de la honte
Dès l’enfance, les femmes sont socialisées à ne pas trop parler de leur corps, de leurs règles, de leurs douleurs. La société leur envoie des signaux clairs : il faut être discrète, propre, maîtriser son corps. Résultat, des millions de femmes traversent des expériences douloureuses sans oser en parler, de peur d’être jugées, ridiculisées ou incomprises.
Par ailleurs, cette culture du silence a des répercussions directes sur la santé mentale des femmes. Le manque d’écoute et de reconnaissance de leur souffrance peut conduire à un isolement émotionnel profond. Trop souvent, les femmes se sentent seules face à leurs symptômes, convaincues qu’elles doivent « tenir bon » sans demander d’aide. Le syndrome dépressif prénatal, le burn-out maternel ou encore la charge mentale sont autant d’exemples de réalités invisibilisées qui méritent d’être prises en compte de manière plus systématique.
3. Des enjeux systémiques et structurels
Les tabous autour de la santé des femmes sont également entretenus par des biais structurels dans les politiques de santé publique, la recherche médicale et le monde du travail. Par exemple, des études ont montré que les douleurs des femmes sont souvent prises moins au sérieux que celles des hommes dans les consultations médicales, ce qui peut retarder les diagnostics et limiter l’accès aux traitements adaptés. Par ailleurs, la recherche sur les pathologies spécifiquement féminines, comme l’endométriose ou le syndrome des ovaires polykystiques, reste sous-financée par rapport à d’autres domaines médicaux. Enfin, une meilleure prise en compte de la santé menstruelle et reproductive impliquerait des ajustements dans l’organisation du travail et des soins, ce qui nécessite une volonté politique et économique forte.
4. Comment briser le silence ?
C’est ici que La Cité des Lionnes agit. Nous créons des espaces de dialogue où la parole des femmes est centrale et légitime. À travers des cercles de parole, des événements, des formations et des accompagnements, nous permettons aux femmes – et aux hommes – de comprendre, d’échanger et de déconstruire ces tabous qui isolent. Nous engageons aussi les structures employeuses et les professionnel·les de santé pour transformer les représentations et améliorer l’accompagnement des femmes dans leur santé globale.
Briser les tabous, c’est redonner aux femmes le pouvoir sur leur propre corps et leur santé. C’est ce que nous faisons chaque jour, ensemble. Rejoignez-nous dans cette mission !